En France, à la fin de l’année 2023 ou début 2024, beaucoup de médias ont annoncé que le nouveau Nutri-Score entrait en vigueur en France le 1er janvier 2024. Mais ils n’ont pas vérifié leur information. Or, l’arrêté du gouvernement, nécessaire à son application, n’a pas été pris et publié à temps au Journal officiel. La nouvelle formule de ce label est bien appliquée depuis le début de l’année en Allemagne, en Belgique, au Pays-Bas et en Suisse, mais ce ne sera le cas en France qu’au mieux d’ici fin avril. Zoom sur les changements en jeu
Le Nutri-Score est une petite image sur les emballages des aliments. C’est un label qui concerne les différents ingrédients utilisés pour fabriquer un produit. Il donne des indications sur la qualité de sa composition en nutriments (pour 100 g ou 100 ml). Il a pour but d’aider les consommateurs à savoir si un produit est bon (ou pas) pour la santé.
Il a été inspiré des couleurs des feux de circulation sur les routes : du vert au rouge, en cinq nuances (et 5 lettres). Il est bien visible sur les emballages et facilement compréhensible. En France, où il a été conçu et lancé, il est utilisé depuis 2017. Il n’est pas obligatoire.
En 2022, la décision a été prise de modifier la manière de le calculer, produit par produit, afin de mieux prendre en compte certaines des critiques dont il fait l’objet.
Une des critiques porte sur le caractère plus ou moins industriel des aliments, qui ne serait pas bien pris en considération. Sont concernés les produits dits « ultra-transformés », qui sont fabriqués de toute pièce, de manière industrielle, le plus souvent à partir de nombreux ingrédients.
Dans sa version actuelle, le Nutri-Score ne porte pas en effet sur la manière plus ou moins écologique, ou plus ou moins artisanale, selon laquelle un produit a été confectionné. Ne sont prises en compte que les quantités des principaux ingrédients utilisés.
Par exemple, les céréales Chocapic, qui ont la forme de pétales, ne sont pas fabriqués à partir de grains d’une céréale (comme le sont les flocons d’avoine, qui sont des grains nettoyés, aplatis et cuits), mais sont « extrudés ». Des pétales sont formées, selon des procédés industriels, à partir d’un mélange de chocolat, de sucres, de farines et de nombreux autres ingrédients.
Actuellement, les Chocapic ont un Nutri-Score A ! Car leur composition est bien équilibrée, en ce qui concerne la proportion de féculents, graisses et sucres.
La notice de ce produit dans la base Open Food Facts est instructive : les Chocapic sont classés dans les produits ultra-transformés, fabriqués avec 27 ingrédients.
Les modifications des modes de calcul du Nutri-Score concerneront principalement :
– certaines graisses, considérées désormais comme très bonnes en petites quantités, par exemple les huiles d’olive, de colza et de noix, ainsi que celles des poissons dits gras ;
– les quantités de sucres, mais aussi d’édulcorants (qui n’étaient pas pris en compte), dans les boissons, les produits laitiers et les céréales du petit-déjeuner ; plus il y en a, moins les produits seront évalués positivement ;
– la volaille, qui sera mieux classée que la viande rouge ;
– les produits avec des farines complètes qui seront mieux notés.
Entre 30 à 40 % des produits devraient voir leur Nutri-Score changer.
Si le nouvel arrêté est publié prochainement en France, les industriels auront encore deux années pour mettre à jour les Nutri-Scores et modifier les emballages.